La musique et la vielle à roue



     La vielle est un instrument à cordes frottées, dont l'archet est une roue intégrée sur laquelle sont posées les cordes, munie d'un chevalet mobile grésillant (chien).

      Il en existe de multiples formes, trapézoïdales, arrondies, en forme de guitare, "rondes" ou plates, de section ovale, ... suivant les luthiers et les demandes des musiciens, dans toute l'Europe ou plus loin encore.

     Des tessitures différentes donnent des vielles soprano, alto et ténor. Certaines sont acoustiques, d'autres comportent des micros intégrés permettant la sonorisation, d'autres encore sont électriques.

Le son et les cordes

Vielle Denis Siorat
Vielle Denis Siorat

 

      Un son continu est obtenu en posant les cordes sur la roue et en tournant la manivelle.

      Le joueur enduit la roue de collophane (résine), ce qui amplifie le frottement et permet à la corde de vibrer, comme pour les autres instruments à cordes frottées.

      Il entoure d'une fine gaine de coton la portion de corde reposant sur la roue, pour protéger de l'usure l'une et l'autre, uniformiser les surfaces de contact, permettre l'accroche et donner un son plus régulier et plus plein.

      Les chanterelles sont souvent au nombre de 2, on trouve aussi des vielles à 3 chanterelles, ou 4 comme ci-contre (posées sur la roue généralement par 2 ou à l'unité). Elles jouent des notes différentes grâce au clavier : les touches actionnent des sautereaux qui appuient sur les chanterelles et en raccourcissent la longueur sonnante, à la manière des doigts du violoniste posés sur ses cordes.

 

 

 

    Le clavier est chromatique et comporte 2 octaves, ou plus. Les luthiers proposent différents systèmes et matières de sautereaux (bois, métal..).

 

 

  Les bourdons donnent chacun une note unique, différente selon le bourdon (parfois identique mais à l'octave).

Vielle Bernard Kerboeuf
Vielle Bernard Kerboeuf

     La corde dite trompette, un bourdon particulier, actionne un chevalet mobile : le chien. Des à-coups, donnés sur la roue par la manivelle font vibrer le chien qui émet un son grésillant, permettant une rythmique du morceau.

     Le chien est une petite pièce de bois dur (en érable, noyer, buis ...), dont la pointe pivote dans son logement et dont le socle repose sur la table d'harmonie, ce qui produit ce son. Le grésillement du chien est réglé grâce au tirant, qui tend plus ou moins la corde sur l'arête du chien.

 

   Les cordes sympathiques sont statiques, fixées sur la table, et vibrent en harmonie avec les cordes posées sur la roue. Elles produisent alors une résonance qui enrichit le son de l'instrument.

 

     Les cordes sont en boyau (mouton), en boyau filé (entourées d'une fine spirale métallique), en matière synthétique filée (kevlar ...).

      Le musicien pose une ou plusieurs cordes sur la roue selon l'effet désiré ; en plein jeu sont posées les chanterelles, un ou deux bourdons et la trompette.

Les accords

       Il existe principalement deux sortes d'accords traditionnels : l'accord Sol-Do (dit auvergnat), chanterelles en Sol et bourdons en Do, et l'accord en Ré (dit bourbonnais), chanterelles et bourdons en Ré, correspondants aux musiques traditionnelles de chacune de ces régions.  

 

      L'essor de la vielle depuis ces derniers temps, de par les échanges, rencontres entre musiciens d'horizons divers, métissages de genres musicaux, a conduit les musiciens et les luthiers à rendre l'instrument plus polyvalent. La conception de l'accordage d'une vielle se fait en synergie entre le luthier et le musicien, selon les options proposées par le premier et les besoins de ce dernier.

 

        L'accordage des vielles est très variable selon les musiciens et leurs besoins.    

     Les chanterelles sont le plus souvent en Sol, en Ré, parfois même en Do. Les chanterelles doubles sont accordées sur la même note à l'octave. 

     Le bourdon tient en général la note tonique du morceau. Une vielle peut comporter un ou plusieurs bourdons, une ou plusieurs trompettes, et/ou des dispositifs (capodastres) permettant de modifier la longueur vibrante de la corde pour en changer la note.

 

     Ces multiples accordages permettent au musicien de jouer dans plusieurs tonalités différentes, les cordes et capodastres utilisés étant choisis en fonction de la tonalité et de l'atmosphère du morceau.  

 

La musique modale

      La vielle, instrument d'origine médiévale, ne permet pas de jouer des accords différents comme un accordéon ou un piano, les bourdons accompagnant d'une note identique tout le morceau. (excepté certaines vielles de conception particulière)

     Le musicien peut alors utiliser les modes (gammes comportant des intervalles ou des altérations spécifiques) pour varier les mélodies, ce qui donne des colorations sonores particulières et différentes.

 

     La musique modale ancienne date du Moyen Âge, époque où la mélodie était soutenue par une note fixe tenue (bourdon).

     Au XVII° siècle, les différents modes disparaissent pour ne laisser plus que le mode majeur et le mode mineur, adaptés à la musique tonale alors en usage (note tonique, gammes et accords parfaits majeurs et mineurs), qui nous est familière aujourd'hui en Occident.      

     La fin du XIX° siècle voit réapparaître des modes plus complexes dans la musique occidentale. Intégrant la tonalité, on la désigne maintenant comme musique modale moderne.

 

Vielle Jean-Claude Boudet
Vielle Jean-Claude Boudet

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